Soundjate Keita, Créateur de l'empire du Mali et abolitionniste avant l'heure
- Babby--dollz
- 14 févr. 2020
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Dernière mise à jour : 27 févr. 2020

Nous connaissons à peu près tous l’histoire de Soundjata Keita ainsi que la légende qui raconte qu’il est né infirme, et suite à une énième humiliation subie par sa mère, celui-ci a trouvé la force de se lever...
Exilé de force avec sa famille par le fils de la première épouse de son père, il deviendra par la suite un habile guerrier et un excellent chasseur. Après avoir combattu le roi sorcier Soumaoro Kanté qui faisait régner la terreur, il fut par la suite déclaré Mansa (souverain) de l’Empire mandingue (Mali).
Durant son règne, il réunit toutes les ethnies en organisant la société en clans, sans rapports hiérarchiques. Il rassemble ainsi les royaumes d’Afrique de l’ouest qui se sont morcelés depuis la chute de l’empire du Ghana pour créer l’empire du Mali, qui s’étendait alors de l’atlantique au moyen niger. Il assigne des terres ainsi que des droits et devoirs à chacun afin de faire prospérer la paix et l’unité dans le royaume. Grâce à l’exploitation des mines d’or, de cuivre et de sel de gemme, il offre à son empire la prospérité et la suprématie durant un siècle et demi.

Reconnu pour sa sagesse, il est le premier chef d’Etat à lutter contre le commerce d’africains et à créer en 1236 la charte du Manden, premier texte abolitionniste ainsi que le premier texte sur les droits de l’Homme (environ 5 siècle avant la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789). Celui-ci comporte 7 chapitres et 44 articles dont voici un extrait :
(version transcrite en 1965 par Youssouf Tata Cissé, à partir d’un récit de Fa-Djimba Kanté,) « Préambule. Le Manden fut fondé sur l’entente et l’amour, la liberté et la fraternité. Cela signifie qu’il ne saurait y avoir de discrimination ethnique ni raciale au Manden. Tel fut le sens de notre combat. Par conséquent, les enfants de Sanenè et Kòntròn font, à l’adresse des douze parties du monde et au nom du Manden tout entier, la proclamation suivante :
Article 1 : Toute vie [humaine] est une vie. Il est vrai qu’une vie apparaît à l’existence avant une autre vie. Mais une vie n’est pas plus « ancienne », plus respectable, qu’une autre vie. De même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie.
Article 2 : Toute vie étant une vie, tout tort causé à une vie exige réparation. Par conséquent, que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin, que nul ne cause du tort à son prochain, que nul ne martyrise son semblable. Article 3 : Que chacun veille sur son prochain, vénère ses géniteurs, éduque comme il faut ses enfants, et pourvoie aux besoins des membres de sa famille.
Article 4 : Que chacun veille sur le pays de ses pères. Par pays ou patrie, il faut entendre aussi et surtout les Hommes car tout pays, toute terre qui verrait les Hommes disparaître de sa surface deviendrait aussitôt nostalgique [connaîtrait la tristesses et la désolation].
Article 5 : La faim n’est pas une bonne chose ; L’esclavage n’est pas une bonne chose ; Il n’y a pas pire calamité que ces choses-là dans ce bas-monde. Tant que nous détiendrons le carquois et l’arc, la faim ne tuera plus personne au Manden. Si d’aventure la famine venait à sévir, la guerre ne détruira plus jamais de village au Manden pour y prélever des esclaves. C’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre. Personne ne sera non plus battu, A fortiori mis à mort parce qu’il est fils d’esclave.
Article 6 : L’essence de l’esclavage est éteinte ce jour, « d’un mur à l’autre » du Manden ; La razzia est bannie à compter de ce jour au Manden ; Les tourments nés de ces horreurs sont finis à partir de ce jour au Manden. Quelle épreuve que le tourment ! Surtout lorsque l’opprimé ne dispose d’aucun recours. Quelle déchéance que l’esclavage ! L’esclave ne jouit d’aucune considération, nulle part dans le monde.
Article 7 : L’homme en tant qu’individu, fait d’os et de chair, de moelle et de nerfs, de peau et de poils qui la recouvrent, se nourrit d’aliments et de boissons. Mais son « âme », son esprit vit de trois choses : voir qui il a envie de voir, dire ce qu’il a envie de dire, et faire ce qu’il a envie de faire. Si une seule de ces choses venait à manquer à l’âme, elle en souffrirait et s’étiolerait sûrement. En conséquence, chacun dispose désormais de sa personne, chacun est libre de ses actes, dans le respect des « interdits », des lois de la Patrie, tel est le serment du Manden à l’adresse des oreilles du monde entier.»
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